Le museé

Texte de
Pascal Noyelle
Mimpamba Thomas Combari

Je suis Mimpamba du Burkina.
Je demande où se trouve la hache traditionnelle du Burkina ?
-La lune dit qu’elle se trouve au Musée MARKK à Hambourg.
Je demande où se trouve le bronze Oluyenyetuye des Ifé du Nigeria 
-La lune dit que c’est à Bonn.
Je demande où se trouve le tabouret Dinkowawa des Ashanti du Ghana ?
-La lune dit que c’est à Paris.
Je demande où se trouve le tronc Togongorewa du Zimbabwe ?
-La lune dit que c’est à New York.
Je demande
Je demande où se trouve la mémoire de l’Afrique ?

Je demande mais c’est juste pour parler ! Pour faire du bruit avec la bouche, comme on dit chez nous. Je la connais la réponse, enfin globalement. Pas besoin de la lune pour ça. Parce que chez nous tout le monde la connaît. Je l’ai apprise dès que j’ai commencé à écouter, à comprendre. Je l’ai sue dès que le mot « colonisation » a pris sens dans ma petite tête d’africain et avec lui son cortège d’humiliations, de pillages, d’exploitations, de razzias. Bien sûr à cette époque où j’étais encore un gamin je n’avais jamais dépassé les limites de mon quartier. Tampuy. Alors Bonn ou Hambourg, ou Paris ou New-York n’étaient pour moi à ce moment-là que des ailleurs vides de sens, des lieux inconnus, mystérieux et funestes à ce qu’il me semblait. Mais tout autour de moi des voix peu à peu s’élevaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus fortes, criant au scandale, au vol, à l’injustice : « Qu’on nous rende notre passé ! Que cesse cette innommable injustice ! » Oh évidemment on ne criait pas ça tous les jours et partout. Il faut avouer que nous avons souvent d’autres préoccupations plus immédiates qui nous font crier : cette fille qui passe, si jolie, et qui ne nous regarde même pas. Et ce putain de loyer qu’il va bien falloir payer un jour parce que le bailleur va bien finir par nous coincer. Ce pote ou ce gosse malade et qui n’ont pas les moyens de se soigner correctement. Bref, le quotidien pas toujours rose dans un pays « en voie de développement » comme on dit. Plus qu’un cri soudain et assourdissant, c’est un bruit de fond qui nous accompagne. Colonisation, bzzz ; esclavage, bzzz ; asservissement, bzzz ; pillage des richesses, bzzz ; et donc vol de notre culture. Je les ai entendues ces voix et je les ai crues : elles criaient l’évidence. J’ai mêlé ma voix à ces voix, du moins ma voix intérieure : on ne fait pas de grandes manifestations dans les rues avec slogans, banderoles et brûlage de pneus pour ce combat-là. Il y avait donc un monde noir, éternelle victime innocente, et un monde blanc indéniablement coupable et tout particulièrement pilleur de richesses et destructeur de mémoire, d’identité. Les choses alors étaient simples au fond. Binaires, manichéennes. Le bien et le mal. Les pillards et les pillés. Les charognards et les dépouilles. 

Et puis j’ai grandi. J’ai voyagé, j’ai découvert et Bonn et Paris. Pour New York on verra plus tard… Et les choses se sont compliquées…

L’année dernière, je me promenais dans Paris. Je flânais…J’avais du temps libre : en bon touriste je me baladais le long des quais de la Seine, pas très loin de cette grande tour de fer qui fait la fierté des Français. Dieu seul sait pourquoi ce tas de ferraille les rend si fiers, enfin… Je longeais donc les quais de la Seine, lente et sale, et j’étais vaguement impressionné par tous ces grands immeubles de pierre chargés d’une histoire si différente de la mienne, plus remplie de banco et de tôles.

Au détour d’une rue mon regard est attiré par un superbe bâtiment moderne, mélange de miroirs et de murs de végétation luxuriante. Au-dessus de l’entrée était accrochée une grande banderole sur laquelle on lisait : Musée du Quai Branly. Jacques Chirac. Des panneaux annonçaient des expositions « d’Arts premiers ».

Il faut reconnaître une chose : les Français sont forts pour se prendre la tête ! Leur musée, ils l’appelaient d’abord « Musée des arts primitifs ! » Mais dans un pays où les gros sont des personnes en « surcharge pondérale » et les aveugles des « mal voyants », primitif, ça la foutait mal ! Ça puait son racisme condescendant à mille pas. Les nègres sont des primitifs ! Je suis un primitif ! Et aussi tous les autres hommes qui ne sont pas blancs et qui font de l’art depuis, depuis ! Impossible ! Même si l’on est raciste on hésite à le claironner. Et puis soyons juste. Tous les Français 100% pur jus ne sont pas racistes. Alors après de longues réflexions, ils ont appelé ça les « arts premiers » ! Mais premiers de quoi, on ne sait pas. Pour moi, premier ça veut dire : qui est avant les autres. J’ai pas souvent été premier mais je le sais quand même. Donc nos masques, nos statues de terre ou de bois seraient d’avant tout le reste : les statues grecques, les torques celtes, les fresques de Pompéi… Ça m’étonnerait un peu vu que le bois ça pourrit plus vite que le marbre ou le bronze. C’est vrai que nous aussi on a des bronzes, et des beaux mais pas très vieux. Enfin, on a … On avait avant les razzias coloniales ! Mais on peut quand même pas l’appeler « Musée des arts ni premiers ni derniers mais en même temps » ! Ce serait ridicule, avouez ! Alors, après de longues réflexions, les intellectuels barbus du coin ont dit : on va l’appeler « Musée des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques », bref de partout sauf de chez le blanc européen d’origine. Et là personne ne peut plus se plaindre. Mais reconnaissez que c’est un peu long. Ma chérie cet après-midi nous allons visiter le musée des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Pfff !  Le temps de le dire et le musée est fermé. Du coup c’est devenu « Musée du quai Branly, » et là non plus personne peut trouver à y redire vu que c’est bien là qu’il est construit. Mais dedans bien sûr il n’y a rien qui vienne du quai Branly. Soit ! 

Et donc je me suis dit que j’allais voir ça de plus près. Inutile de vous préciser que j’étais un peu fâché en payant mon billet, prêt à la colère et à la révolte. Voleurs d’histoire ! Pilleurs de culture ! J’ai payé. C’était cher pour voir le travail créatif chargé de la puissance occulte de mes pères mais dans la vie il faut savoir faire des sacrifices. Et j’ai ainsi eu le droit de parcourir les salles. Et là j’ai vu une multitude d’objets superbes venant d’Afrique bien sûr mais donc aussi d’Océanie, d’Amérique, d’Orient… Des statuettes, des bijoux, des masques… Des explications enregistrées permettaient d’en apprendre plus sur eux.  Je faisais un voyage dans les profondeurs de l’histoire de l’humanité. Dans les palais de la mémoire. Un voyage dans lequel je me sentis entouré de forces venues du fond des âges, parfois un peu inquiétantes.  Il y avait dans tout ça du sang, des larmes, des prières, parfois de la joie, toujours une étrange beauté.  Des projecteurs colorés les entouraient d’une lumière mystérieuse. Ils étaient posés sur des socles devant de belles tentures ou dans des vitrines fortement éclairées. Comme on dit, j’en avais plein les yeux. Au bout d’un certain temps je me suis senti comme un grain de sable devant un océan de beauté millénaire. Et partout des gens circulaient, s’arrêtaient, admiraient, souvent dans un silence d’église. Et ça avait quelque chose de magique et, même si ça m’écorche la bouche de le dire, de respectueux. Il est vrai que contrairement à un tableau ou à une sculpture moderne, ces objets ne sont pas seulement des œuvres d’art, de beaux objets mais surtout des messages mystérieux de vie et de mort, des Dieux, des sacrifices. Même si on n’a pas peur des fantômes, des zombies, de la magie des anciens peuples ça a quelque chose d’envoûtant et on n‘a pas envie de rigoler. Dès fois que…

J’étais encore en colère mais ma colère s’était doublée d’une autre colère : 
Il m’arrive d’aller au Musée de Ouagadougou. Je vous livre la présentation officielle : « Le Musée National du Burkina est un établissement Public de l’Etat à caractère scientifique, doté d’une autonomie de gestion. Situé sur un site de près de 29 ha, (29 ha, plus de 4 fois les terrains de foot de Barcelone ou du Réal ! Je précise parce que chez nous le terrain de foot est une mesure plus sensible que l’hectare !) Je continue : l’établissement regorge d’énormes potentialités tant sur le plan culturel qu’artistique. Musée à caractère ethnographique, ses infrastructures sont de type soudano-sahélien constituées de deux salles d’exposition, un hall vestibule, un bâtiment administratif, une grande réserve qui abrite toutes les collections du musée, et même un théâtre de plein air.” Comme le dit le site internet, c’est le lieu de mémoire de tous les Burkinabès.

Vrai ! des infrastructures de type soudano-sahélien. C’est beau. Enfin ce le serait si c’était entretenu. 29 ha de terre battue sillonnés de quelques chemins bétonnés, balayés par la poussière de l’harmattan. Deux salles d’exposition de 100 à 200 mètres carrés chacune environ. La dernière fois que j’y suis allé, dans l’une il y avait une cinquantaine de statues de la fertilité, d’origines ethniques diverses du Burkina, dans l’autre une cinquantaine de masques. Nous étions 3 visiteurs. Un couple jeune dont le mec semblait se foutre de ce qu’il voyait. Et moi. 

J’ai questionné le guide vaguement désœuvré qui nous accompagnait, et dont il était impossible de savoir s’il était guide officiel ou s’il venait simplement prendre son thé là comme tous les jours : N’y avait-il rien d’autre que ces deux salles ? Pourquoi ce terrain à moitié à l’abandon ? Il m’a dit que 12.000 pièces dormaient dans les réserves, 12.000 pièces cachées, donc. De temps en temps on remplace les 50 statues de la fertilité par 50 autres, histoire de les dépoussiérer. Il a ajouté que la construction d’autres structures était en projet, que la réhabilitation paysagère du terrain était en projet… Projets, projets… Avec quel financement ? mystère ! Autonomie de gestion ça doit vouloir dire ça. Autonomie de gestion c’est « ça va aller… » Combien de visiteurs, venus à la rencontre de leur culture, de leur passé ? Le savait-il ? Entre 12.000 et 15.000 par an en comptant les écoles, m’a-t-il dit, pour ce lieu de mémoire de tous les Burkinabès, 20.000.000 de Burkinabès… En 2018 le musée du Quai Branly a accueilli 1.260.000 visiteurs.

Quant au théâtre, moi qui suis comédien, je peux vous affirmer qu’on y entend rarement les 3 coups. Et là j’euphémise, j’euphémise…
En sortant j’avais plein de questions dans la tête, plein de frustration aussi.

Je repensais à un poème de Niyi Osundare.

Here stilted on plastic
A god deshrined
Uprooted from your past
Distanced from your present
Profaned sojourner in a strange land
Rescued from a smouldering shrine
Across the shores
Here you stand, chilly,
Away from your clothes
Gazed at by curious tourists savouring
Here you stand
Dissected by alien eyes.

Ouais ! Indéniable ! irréfutable ! C’est poignant et ça vous fait passer un frisson de tristesse et de colère par tout le corps. Déraciné… profané… Touristes curieux… Disséqué ! Et pourtant…
Ce Dieu déshonoré, disséqué serait-il plus à l’aise caché dans une réserve poussiéreuse de Ouagadougou, Nouakchott ou Bamako ? Et puis il n’est pas « bâti sur du plastique » mais, et croyez-le ça me fait mal de le dire, il est mis en valeur sur du velours…
Et ce présent profané, l’est-il davantage par ces Nassaras du présent que par l’incurie de nos ministères de la culture ? Pas certain parce qu’au fond, je ne suis pas sûr que la culture, qu’elle soit vivante ou morte, soit véritablement une priorité « chez nous ». Du moins pour les gouvernements qui nous dirigent. Aujourd’hui encore les plus belles œuvres de nos sculpteurs, de nos peintres se retrouvent dans des musées occidentaux. Pas volées pour le coup mais ACHETEES et rarement par nous. Evidemment je comprends bien que se nourrir, se soigner, éduquer nos enfants puisse sembler plus important que protéger la culture. J’admets que le manque de moyens oblige à des choix. N’empêche ! Tout artiste et j’en suis le sait : la culture est la dernière roue du carrosse dans lequel roulent nos « élites ». Quant aux expéditions victorieuses et pillardes, c’est vrai. Mais toutes les expéditions victorieuses pillent. Pas seulement celles de la colonisation. Nos guerres anciennes ont aussi été pilleuses. Malheur aux vaincus !

Dans ma petite tête de Mimpamba tout ça était un peu confus.  
Nos conteurs disent « histoire » et le public répond : « raconte ». Moi je me disais « question » et je me répondis « cherche ! » 
Question : tous ces « trésors de guerre », pillés d’accord mais aussi parfois vendus à la sauvette, ont-ils la même valeur ? Je ne parle pas de leur valeur marchande mais de leur valeur symbolique. Les objets du quotidien, les objets d’apparat, et même les objets rituels sont-ils tous le fond de notre âme ? La hache traditionnelle du Burkina n’est pas une mais multiple, tout comme les bagues caméléon ou les bagues d’initié Senoufo, tout comme les baguettes Awoko. Est-ce un sacrilège d’en voir dans des musées occidentaux ? Faut-il pousser « un cri de haine contre le concept même de musée, considéré comme une invention occidentale, un lieu quasi-criminel dans lequel les objets sont plumés ? » Et puis même ceux qui crient le plus fort au scandale le reconnaissent : les biens d’origine africaine des collections résultent certes souvent de butins de guerre, de pillages, de vols, mais aussi de dons, de trocs, d’achats et de commandes directes aux artisans et artistes locaux. Il faudrait retracer l’histoire de chaque objet. Combien de portes, de volets, d’échelles Dogon y a-t-il en Europe ou aux Etats-Unis ? Faut-il tapisser les murs de Mopti de toutes les portes Dogon rapatriées ? Est-il sacrilège d’éprouver une certaine fierté à voir au temps de la mondialisation l’art africain essaimer la planète ? 

Je me demandais si le combat ne devait pas être plus nuancé. Aucun objet africain ne devrait franchir une frontière africaine ? Mais pourquoi “africaine” ? Pourquoi pas ghanéenne ou ivoirienne ou nigériane ? Certains trésors ont eux-mêmes fait l’objet de razzias par un roi local chez son voisin ; de même une ethnie comme les Dogons est présente sur plusieurs pays. A qui rendre ? Et si on commence, pourquoi s’arrêter à l’Afrique sub-saharienne ? Pourquoi pas l’Egypte, l’Alaska ? 

Cherche Mimpamba, cherche ! Ne sois pas stupide Mimpamba! Bien sûr que tous les objets n’ont pas la même valeur. Bien sûr qu’il faut se battre pour récupérer notre âme et notre dignité de peuples libres bien qu’aucune loi internationale n’oblige à la restitution. D’ailleurs, bousculés par l’air du temps, disons par une nouvelle éthique qui peu à peu voit le jour, certains gouvernements européens commencent à accepter l’idée. Mais comme dit un proverbe nassara : “Rome ne s’est pas faite en un jour”. La France, puisque c’est quand même contre elle que nous, Africains de l’ouest, avons le plus de griefs, se dit prête à “restituer”.

Alors en France ça discute ferme entre les pour et les contre. La mauvaise conscience chez certains sans doute. On va vous les rendre vos œuvres. On commence par restituer « sans tarder » 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin, prises de guerre de l’armée française en 1892, a annoncé l’Élysée.  Et puis les bronzes d’Edo au Nigéria, et puis au Sénégal le sabre d’El Hadj Omar Tall. Et même les Anglais qui ont rendu ou vont rendre, je sais pas trop, un coq en bronze au Nigéria et les allemands qui ont rendu 7 des 8 oiseaux du Zimbabwe. Ha ! Ça s’agite, ça cogite, ça se précipite… Enfin, un peu. Parce que tout le monde n’est pas d’accord. Les musées surtout qui ne se voient aucune obligation morale de restituer. Où on va si on ne peut plus piller au cours des guerres ? C’est quelle morale ça ?  Et puis on vous les restitue mais après ? Il serait quand même dommage de les récupérer pour les enfouir dans des réserves, voire les revendre dans la foulée…Ou alors faut-il que nous, Nassaras, on vous construise des musées, les financent et les entretiennent avant d’y replacer les vestiges de votre mémoire ? Nos intellectuels à nous hurlent que ce n’est pas à « eux » de juger de ce que deviendront ces trésors. C’est vrai ! Ras le bol de se faire encore dicter ceci ou cela. D’accord ! Entièrement d’accord sur le principe ! « Restituer, c’est reconnaître aux peuples et aux pays africains la capacité de conserver eux-mêmes leur patrimoine. Donc, la question de savoir s’ils possèdent ou pas des musées relève du paternalisme. » Voilà ce que répondent Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, les auteurs du rapport sur la restitution du patrimoine africain, à tous ceux qui considèrent que le continent n’est pas en mesure d’accueillir et de préserver les œuvres éventuellement rendues par la France et les autres. D’ailleurs, Messieurs, on y travaille. Au Sénégal on a construit un superbe musée avec tout : sécurité, climatisation, taux d’humidité… Pardon ? Ce sont les Chinois qui l’ont construit et financé ? C’est vrai que les Chinois, chaque fois qu’ils peuvent emmerder les européens en Afrique… Et alors ? Au Gabon aussi il y a un vaste projet. Pardon ? Pas crédible ? Parce qu’il s’agirait d’essaimer des petits musées un peu partout pour que tous les Gabonais en profitent. C’est vrai que quand on connait l’intérieur du Gabon, ça laisse songeur. Au demeurant, c’est la France qui devrait former les conservateurs… 

Alors, cherche Mimpamba, cherche Petit Martin de la brousse. « I have a dream ! » :  Nos écoles sont remplies d’enfants bien nourris qui écoutent studieusement des maîtres bien payés. Dans nos hôpitaux les malades, pauvres ou riches, sont soignés. Nos rues sont propres, nos maisons confortables. Au centre de la ville se dresse un musée national flambant neuf. Il est gratuit, financé par le Ministère de la Culture et des investisseurs privés parce que la culture doit être accessible à tous. J’arpente ses salles. Ici une exposition de nos plus belles œuvres traditionnelles dont beaucoup nous ont été rendues. Mais elles ne sont pas toutes là parce qu’un certain nombre d’entre elles font partie d’une exposition itinérante d’art africain qui ira dans des musée japonais, américains, européens. Dans une salle, une exposition de peintres impressionnistes européens du XIXème siècle, annoncée par des publicités à la télévision. C’est le musée du Louvre qui en a fourni la plus grande partie. Les œuvres, protégées et soignées, partiront ensuite en Afrique du Sud avant de revenir à Paris. Dans six mois, il y aura une exposition d’art aztèques. L’homme est devenu plus intelligent. Il a compris que l’art n’avait pas de frontières et était une nourriture universelle que chacun doit puiser dans le même plat. Pourquoi l’Africain ne devrait-il se satisfaire que de masques ou de statues de la fécondité ? Pourquoi n’aurait-il pas accès aux autres cultures, à toutes les cultures ? Et pourquoi devrions-nous enfermer jalousement nos plus belles œuvres, passées ou présentes, sans offrir au reste du monde le partage de notre âme ? 

Utopie ? Bien sûr !  J’ai dans les yeux nos « 6 mètres » défoncés et poussiéreux, ces enfants sales qui mendient à chaque carrefour, ces malades assis dans la cour de l’hôpital attendant qu’on veuille bien s’occuper d’eux… Mais je pense à cette phrase d’Hugo : « L’utopie c’est du réel qui s’efforce de naître ».  

Alors, Mimpamba, ton rêve tu le verras peut-être un jour habillé de lumière, mais pour aujourd’hui…

NOIR